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La recherche des bœufs musqués
La première solution pour voir des bœufs musqués ("umimmak" au singulier, "umimmaat" au pluriel) consiste à se payer un safari, mais vous verrez la petite clause qui stipule "Si nous avons de la chance, nous verrons des boeufs musqués..."
La seconde consiste à se rendre au supermarché avant 18h et hors week-end pour acheter une "Umimak Baja", une bière aromatique brassée à Nuuk.Toujours pas satisfaits ?
Renseignez vous donc sur les régions dans lesquelles il a été implanté. Kangerlussuaq fait partie de ces régions. A mon arrivée, un allemand m'avait dit qu'ils aimaient particulièrement paître sur la rive sud du Qinnguata Kuussua.
Après l'échec de la petite rando lors de mon arrivée, me voici en fin de séjour avec la ferme volonté de les débusquer.
L'échec de la première rando n'était cependant que partiel puisque j'en avais vu un, je l'avais photographié et même touché, alors qu'à 100 m on considère qu'ils peuvent être dangereux. Avouez qu'il avait plutôt l'air gentil.
Je pars avec 5 jours d'autonomie de vivres, prèt à aller jusqu'au glacier s'il le faut, à 35km de Kangerlussuaq à vol d'oiseau.
Mais après 5 km de marche, n'ayant pas encore quitté la route, il me semble distinguer des formes suspectes sur l'autre rive. Cette histoire m'en rappelle une autre qui se déroulait dans le parc de Dovre Fjellet, en Norvège. Je dévalle la pente sur 1 km. Les voici.
Une dizaine d'individus s'abreuve dans le fleuve.
Que faire maintenant ? L'objectif est atteint. Je continue la randonnée sans véritable but.
Les sentiers des umimmaat
Le premier indice de présence des umimmaat, c'est la présence de sentiers biens marqués. Si les clubs de randonnée construisent des cairns et laissent des traces de peinture, les umimmat signent leurs pistes de trois manières :
Les traces de sabots |
Les touffes de laine (blanche, noire, grise, brune ou panachée) |
La bouse (permet d'estimer si le passage est récent ou pas). |
Ces sentiers sont très pratiques pour le randonneur car l'itinéraire est toujours remarquablement bien choisi, tant dans la gestion des pentes que pour trouver les passages les moins "aquatiques" dans les mouillères.
Par contre (je n'ai pas testé, j'ai simplement écouté les conseils des habitués), si des umimmaat arrivent en face de vous sur leur sentier, vous n'êtes pas prioritaires, vous devez vous écarter de leur passage sans quoi l'un d'eux vous apprendra les bonnes manières.
Les rencontres
Après la première entrevue lointaine (ils étaient à plus d'un km), la randonnée n'a été qu'une succession de rencontres toujours plus proches.
Après être remonté sur le plateau, je rencontre un troupeau à 400 ou 500 m. Ils m'ont vu et s'éloignent rapidement.
Je vais planter la tente sur la rive nord de Store Saltsø. D'autres umimmat sont à l'extrémité est de lac.
Je m'endors en espérant qu'un mâle ne prendra pas ma tente pour un rival ou pour une belle...? bœuffe ? vache ?
Au petit matin, je sors de la tente, qui est entourée par les bœufs qui paissent paisiblement ou se reposent à quelques dizaines de mêtres.
Ils sont visiblement surpris de me voir et s'en vont.
La journée était censée "commencer" par un aller retour au lac suivant pour trouver de l'eau un peu plus limpide que celle du Store Saltsø. Mais comme je trouve un troupeau d'une dizaine d'individus par vallée, je passe la journée à ramper derrière les saules, à observer et à photographier.
J'ai repéré un troupeau derrière une crête. Caché derière un rocher, je les observe passer un à un sur le flanc d'en face, mais il manque le plus gros individu. Que fait-il ?
Je m'avance jusqu'à la crête. Arrivé en haut, je me retrouve face à face avec l'individu recherché qui avait dù me repérer et voulait vérifier que j'étais bien parti. Dans ces cas il faut toujours reculer lentement et calmement.
Lui, a fait demi-tour immédiatement et a pris la fuite. Dommage, j'ai râté un gros plan sur les naseaux.
A 3 h du matin, il fait 1°C sous la tente. J'entends des plongeons imbrins puis des oies mais il fait sombre. Je ne réussis pas à m'extirper du duvet.
Dans la matiné, je fais un aller retour au lac de la veille pour aller chercher de l'eau. Tous les umimmaat ont disparu, mais dans le lac, j'aperçois une bestiole inconnue.
Un trilobite ? Un cyclop géant (les cyclops sont des crustacés millimétriques dont le rapprochement des yeux fait croire qu'ils n'ont qu'un oeil) ? C'est trois jours plus tard que je retrouverai cette espèce dans un autre lac : un Lepidurus arcticus. Mais ceci est une autre histoire.
Je plie le camp et rentre à Kangerlussuaq afin de pouvoir reprendre dès le lendemain, la direction de Sisimiut pour repérer quelques variantes de l'itinéraire.