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Jour 2

 

23h30 : je suis réveillé... je veux marcher. On comprend ici que les "J" représentent des journées "physiologiques" puisque nous sommes encore civilement à J1. Abandonnez vos repères et votre horloge interne, vous êtes sur le cercle polaire.
Pendant que je flemmarde au lit des gens passent et lèvent un gros oiseau qui devait être près de la tente. Il la survole. Cet événement met fin à mes hésitations. Je plie le camp. A 1h30, le gué est franchi, les chaussures re-lassées; elles ont pratiquement séché depuis la veille.
Ce cap de la randonnée est une étape assez symbolique : on abandonne la carte de Kangerlussuaq pour prendre la carte "Pingu"... une carte sans ville, sans village, sans "implantation"...
Je rattrape les deux marcheurs qui sont des groenlandais. Je les interroge sur l'oiseau qui était près de la tente... un canard. Je suis presque jaloux de ne pas avoir vu le canard. A ce moment là, ils ont du me prendre pour un cinglé. Ils ont été suivis par un renne.
J21
Je continue, perds le sentier et utilise la carte pour atteindre la hut suivante. Descente dans les saules, les plants d'airelle et une plante qui sent merveilleusement bon mais que je n'ai pas réussi à identifier. Une odeur légèrement résinée.
Arrivée à la hut à 3h35, c'était la hut de la deuxième chance : les deux canoës sont là. Mais il y a trois tentes et il y a du monde dans la hut et un chien de traîneau attaché près de la porte.

Amitsorsuaq

P1 : Descente sur le lac Amitsorsuaq (3h du matin)

D'après les informations des américains, seuls les deux qui sont passés à côté de la tente sont susceptibles d'espérer un canoë, les autres doivent être des contrebordiers. Mais les deux groenlandais espèrent peut-être aussi. Or, prendre un canoë pour moi seul, c'est hypothéquer les espoirs de certains, mais au moment de ces réflexions, le vent est favorable...

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P2 : La hut à l'Est du lac Amitsorsuaq P3 : Les canoës à l'usage des voyageurs

Les deux groenlandais arrivent peu après moi et je leur demande ce qu'ils pensent faire. Ils ont marché 10 heures, mais l'idée du canoë semble tenter Tuuma.  Après discussion avec Belinda, il décident d'embarquer, mais Tuuma n'est pas sûr de ses compétences de pagayeur. Il va donc me laisser la place du "barreur".
Je savais que je pouvais amener tout le monde en sécurité de l'autre côté, mais j'avoue que mes compétences en terme de maintien de cap laissaient à désirer. En fait, Tuuma et Belinda étaient largement aussi calés que moi concernant la navigation sur ces embarcations : c'est Tuuma qui a pressé le départ en raison du vent qui pouvait tourner et Belinda savait parfaitement ce qu'il fallait faire et ne pas faire pour éviter le chavirage qui est totalement interdit dans ces eaux froides et profondes.
Nous "levons l'ancre" à 4h.

Map22

Traversée du lac Amitsorsuaq. Je ne suis pas sûr de l'emplacement de la "pause cairn". Je n'ai pas fait de point GPS. Les photos et le timing m'incitent à penser que le cairn se situe à l'endroit que j'indique, mais deux caps plus tôt un "point remarquable" est noté sur la carte...

Notre route est aussi droite que celle du skieur dans une descente en slalom, mais on avance. Et puis au bout d'une heure, nous commençons à stabiliser le cap.
Après deux heures de navigation, nous faisons une escale pour manger un peu. C'est alors que Belinda sort d'une poche cette plante qui sent si bon pour faire une infusion. Le nom groenlandais est "qajaasoq"; en français c'est le "thé du Labrador" (ou le "petit thé du Labrador"... problème de systématicien), et je commence à apprendre mes premiers mots groenlandais.
Nous repartons après environ 20 mn de pause. La navigation est ensuite agrémentée par les oiseaux (des plongeons imbrins) et par leurs "gloussements" si particuliers.

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P4 : Pause Qajaasoq P5 : Ferry boat : cabine de luxe

L'eau est claire et profonde. Sur les flancs nord du lac, Belinda nous montre des lièvres arctiques qui se sauvent.
Mais un peu plus tard, elle demande un arrêt : elle s'endort assise, ce qui est assez dangereux pour ces embarcations. Nous faisons une courte escale pour lui permettre de dormir en sécurité.
Vers 8h15, Tuuma tombe aussi de sommeil. Les pauvres... je me sens coupable de les avoir embarqués après 10 heures de marche. Nous regagnons le rivage et on plante la tente. Rien ne presse et il est dommage de ne pas profiter à fond de cette navigation idyllique.
Tuuma me prête son matériel de pêche pour m'occuper; il me propose même sa carabine, mais n'ayant pas l'habitude de ce genre d'instrument, je me contente de déballer le Nikon pour la partie chasse.
L'expérience de pêche tourne court. Après avoir tenté de lancer l'hameçon comme avec une fronde, la distance maximale atteinte est de 5 m avec une profondeur de 20 cm. Je passe sur les risques de m'accrocher une oreille ou un œil. Au troisième lancer (réussi) l'hameçon se prend dans une racine. Je vais donc le chercher et passe à la photo et à l'enregistrement des gloussements d'oiseaux.

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P6 : Le camp "repos" P7 : Les allemands nous dépassent

Enfin, je fais une sieste au milieu des qajaasoq. Tuuma et Belinda sont réveillés par la chaleur dans la tente. J'avais oublié de leur montrer les possibilités d'aérations de la tente, mais de toute façon, ça n'aurait prolongé leur sommeil que d'une demi-heure.
Nous mangeons. Belinda et Tuuma tiennent à m'inviter pour me remercier... de quoi ? Mais en bon pourfendeur de la diététique de ville, je mange très peu pendant la journée pour pouvoir m'empiffrer les soir avant d'aller dormir et faire mon gras que je consommerai le lendemain.
Belinda m'offre alors une gourde "Kigutigit" car j'avais acheté des boissons spécialement pour avoir des bouteilles.
Nous repartons vers 11h45. Nous tirons ensuite quelques bords pour tenter de pêcher en eaux profondes, mais les poissons ne veulent pas mordre.

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P8 : Pêche sur le lac

Un peu plus loin, nous faisons une escale pour aller voir un cairn géant que Belinda aime bien. L'autre canoë nous dépasse en longeant l'autre rive.
Après une escale courte pour changer d'équipier (Belinda remplace Tuuma à la pagaie avant), nous voyons deux personnes qui longent le lac sans sac. Nous en déduisons que ce sont des gens qui séjournent à la hut suivante qui ont fait une ballade.
Nous arrivons à cette hut (qui est un grand centre de canoë) à 15h30. Des randonneurs se baignent mais il commence à faire frais.
Nous vidons le canoë, le mettons au sec, c'est alors que le vent a tourné !

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P9 : Le lac Amitsorsuaq vu du cairn

Tuuma et Belinda vont rester dormir à la hut. Je vais profiter de la baisse de température pour avancer un peu. D'autant plus que mes jambes n'ont quasiment pas travaillé aujourd'hui et sont donc en pleine forme.
Je lasse donc mes chaussures de marche et attache mes sandales au sac. Mes deux nouveaux amis m'indiquent les emplacements de nouvelles huts non mentionnées sur la carte.

Au moment des adieux Belinda me tend la main à la manière distante nordique... (pour avoir vécu ça en Hollande... j'ai horreur. Même lorsqu'on se serre la main à un inconnu en France, c'est un peu moins glacial).
Belinda l'a peut être senti. Mais j'ai plutôt l'impression que cette manière de se saluer empruntée à une autre culture ne semblait pas leur convenir plus qu'à moi, qui plus est, après cette immersion en Groenland. Elle m'a alors fait l'accolade ou l'embrassade locale. Ne connaissant pas, je lui fais la bise mais je comprends que je me plante. Belinda et Tuuma m'apprennent alors cette manière si affectueuse et chaleureuse de se saluer : pratique groenlandaise à l'image du Groënland.
Après cette embrassade à Belinda puis à Tuuma, j'ai continué ma route.

L'itinéraire entre la base de canoës et le lac Kangerluatsiarsuaq (au Nord-Ouest du camp) ne présente pas de difficultés. Sentier marqué le long du lac. Je n'ai pas le souvenir d'avoir traversé le torrent à deux reprises après le lac comme indiqué sur la carte. Le sentier n'existe quasiment plus après, mais l'itinéraire (longeant le fond de la vallée) est évident avec "peu" de mouillères. Map23
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P10 : La base de canoës vue par l'ouest P11 : Arrivée sur le lac Kangerluatsiarsuaq

Un ou deux km après avoir quitté le lac, un renne me coupe la route. Il sera impossible de le photographier, il est très pressé ou il a peur.

A 20 h, je passe le pli central de la carte "Pingu". Après quatre heures de marche (depuis la hut),  je plante la tente près du lac Kangerluatsiarsuaq.
Je me cuis un riz saucisses (475g de moins dans le sac), étudie la suite de l'itinéraire. Il y a un dénivelé de 200 m sur courte distance qui m'inquiète; il est indiqué en noir. Or il y a une nouvelle hut au pied de cette montée. Il serait pas mal de pouvoir s'y reposer avant l'ascension.
Je me couche à 22h30.

P212
P12 : Camp près du lac Kangerluatsiarsuaq

 

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